Editorial
Noël: la tendresse incarnée
Voici une année, nous nous souhaitions les meilleurs vœux. Il faut bien admettre que nos promesses ont rarement été concrétisées. Les virus de notre temps sont venus décapiter nos espérances.
Les siècles précédents avaient connu aussi leurs épisodes-charnières. La Révolution, l’industrialisation, les guerres ou l’invasion du numérique ont tour à tour bouleversé les vies de ceux qui ont connu ces époques. 2020 n’aura pas fait exception.
Il y aura un avant et un après.
2020 nous a fait aussi découvrir des concepts qui nous étaient inconnus : Coronavirus, confinement, distanciations, clusters ou pandémies. Nous voyons actualisées des pratiques qui nous semblaient d’un autre temps : décapitation, profanation d’églises, interdiction de cultes… Même Pâques a connu sa « mise sous cloche », et Noël n’est pas certain d’être célébré.
Si nous pensons spontanément aux virus qui ont mis le monde en émoi - COVID ou terrorisme - un autre mal collatéral nous guette : la distanciation. Certes, la mesure sanitaire est nécessaire mais, plus largement, s’insinue subrepticement un éloignement qui n’est pas sain pour notre santé sociale, encore moins pour notre santé affective.
La tendresse est abimée.
Des personnes âgées meurent d’isolement ; parents et enfants ne se voient plus, ne se prennent plus dans les bras, les rencontres qui font le sel de notre vie sociale s’espacent, voire disparaissent. Et que dire de nos lieux de culte, quand ils sont réouverts qui restent désertés par les plus fragiles.
Pourtant, nous marchons vers Noël, et s’il y a bien un message que Jésus apporte dans notre monde, c’est celui de la rencontre. Dieu, à Bethléem se fait proche. Il vient nous visiter, il se fait même l’un de nous pour mieux nous rejoindre.
Dans ce contexte, le message de Noël apparaît comme un vaccin contre l’enfermement, un remède aux distanciations de l’amour. Dieu se fait proche, alors n’habillons pas nos peurs de colères ou de replis existentiels.
De même qu’il y eut un avant Jésus et un après, de même portons-nous dans nos mains et nos cœurs, la réponse à la pandémie de l’isolement.
Chrétiens, notre vocation est de faire grandir l’Humanité entre les hommes. Notre foi n’a de sens que si elle nous pousse à la rencontre des frères, en particulier des plus fragiles.
Un repli sur soi, par peur, par faiblesse, donnerait raison aux fanatiques.
Arrêter de vivre serait signer la victoire de ceux qui égorgent des fidèles en prière, des enseignants désarmés, ou qui guettent le plus faible.
La Gloire de Dieu, c’est l’Homme debout.
Jésus, à Noël, vient encourager notre espérance, dynamiser notre foi, pour raviver notre amour de l’autre.
Le terrorisme ou la pandémie sont, au contraire, des raisons de nous relever et de nous révéler à nous-mêmes.
La tendresse de Dieu, c’est l’Homme sauvé.
Fêtons donc Noël avec tendresse, avec joie, parce que 2021 en a déjà besoin.
Bruno Le Guerroué - Diacre